En ces moments de réjouissances populaires, je suis ambivalent.
Triste, car ces moments d’euphorie riment aussi, pour moi, avec mélancolie.
Évidemment, je suis de ceux qui ont brandi leur drapeau avec fierté en cette veille de la Fête nationale des Québécois du 23 juin.
Les appels patriotiques ne peuvent que m’émouvoir, nationaliste que je suis. Or, en plus d’être nationaliste, je ne trahirai pas un secret d’État si je révèle que je suis aussi souverainiste.
En cette journée, je me rappelle aussi le 23 juin 1990. J’avais quoi, dix ans? Plusieurs de ceux qui ont fêté hier n'étaient même pas nés.
Moment charnière de notre histoire, s’il en est un, cet événement a jadis, encore une fois, fait la démonstration que la place du Québec n’était pas dans le Canada. En effet, c’est le 23 juin que nous commémorons l’anniversaire de l’échec de l’accord du Lac Meech, avorté en 1990. Un moment important de notre histoire qui méritera sûrement un billet digne de ce nom de ma part, incessamment.
En attendant, il est difficile de permettre la réminiscence de ces souvenirs, enfouis sous cette carcasse de récipients de houblon accumulés sur les Plaines. Refoulé dans notre inconscient collectif, cet anniversaire passe inaperçu pour la majorité des Québécois. Un anniversaire avec des airs de deuil.
Certains y ont cru. Le « Beau risque ». Cette "dernière chance" au Canada.
Lucien Bouchard nage aujourd’hui dans l’ambigüité et la controverse, chez les nationalistes. Mais il n’en demeure pas moins que la raison d’être de sa défection du Parti progressiste conservateur – notez bien le mot progressiste – a été l’échec de l’Accord du Lac Meech.
Quand on sait que cette défection fut à l’origine de la fondation du Bloc Québécois, on comprend que le geste n’était pas sans importance. On oublie trop souvent que le cheminement de Bouchard, sans être classique, était à tout le moins prévisible. Nous sommes en 2010 et le Bloc existe toujours, une incongruité qui n'a pas sa raison d'être dans une fédération qui fonctionne. Or, vingt ans plus tard, rien n'a été fait pour que le Québec puisse rentrer dans le giron constitutionnel.
Mais au-delà de cette perspective historique, nous pouvons fêter ce que nous sommes. Ce que les générations précédentes nous ont permis d'être, mais surtout ce que nous sommes devenus aujourd'hui: un peuple imparfait, remplir de stigmates, mais avec son lot de réussites. Un peuple ni meilleur ni pire que les autres, si ce n'est qu'il n'a toujours pas sa place au concert des nations.
Un jour, je l’espère, ce peuple se donnera les moyens de réaliser tout son potentiel.
En attendant de chanter
Gens du pays, de manière plus significative, bonne Fête nationale à tous.
Ou bonne St-Jean, pour ceux que ça enchante.
Ou encore, comme plusieurs l'ont entonné avec poésie je n'en doute pas hier :
Vive le Québec, tabarnac!