L'Occident a le cancer.
Mais c'est la faute aux Américains.
Évidemment, la formule est grossière, démesurée. L'émotion à son comble, l'enflure verbale
dont nous sommes tous capables en ces moments tragiques est à la hauteur du
drame qui a secoué la sûrement très tranquille ville de Newton.
Or, il existe de ces moments qui font qu'un
événement marque un peuple... et le nez dans son propre cambouis, le force à
prendre des décisions qui le rend mal à l'aise.
Ce peuple aurait-il erré?
Mais après tout, c'est bien de leur faute, n'est-ce
pas? Leur culture violente. Leur
attitude de gendarmes du monde, si souvent décriée à travers le monde, mais
aussi appliquée à même leurs terres. Des
gendarmes qui agissent en shérifs, avides de milices et groupes
para-militaires. Tel un phallus, l'arme
à feu devient un symbole de virilité, où la gâchette semble plus rapide que le
jugement. Lucky Luke en pâlirait
d'envie. Après tout, on ne voit que ça
qu'aux États-Unis, n'est-ce pas?
Cette déviance sociale, réconfortante pour certains
compatriotes dans leur anti-américanisme, permet de critiquer de bien haut
cette culture décadente ; celle qui voit le déclin de son empire. Comment nier qu'une culture ne soit pas en
décalage avec la réalité lorsqu'elle agit tel un ogre envers ses propres
enfants, les dévorant un après l'autre, à
la vitesse d'un semi-automatique?
Un infanticide collectif.
Marquant, touchant.
Tout le monde a eu la gorge serrée en apprenant que
ces victimes ont commis comme seule et grave erreur d'être allés à l'école ce matin-là,
comme tous les autres matins. Comment
faire autrement, sinon être soi-même un être dénué de sensibilité? N'est-il pas là, le plus grand risque? À
force de devenir d'être témoin passif ce genre d'événement, on devient blasé
devant ceux-ci et on zappe, en attendant la prochaine tragédie, encore plus
brutale. On se déshumanise.
Les victimes ne sont pas virtuelles. Ce ne sont pas des Zombies de Walking Dead ou
de méchants assassins que nous nous plaisons à voir Dexter assassiner. Pas plus que ce sont des pas fins qu'ils faut
tuer dans un jeu vidéo. Ces victimes,
elles sont réelles. Elles ne sont pas
fiction et maquillage à la Rémi Couture, mais du "vrai" monde, comme
dirait un certain média télévisuel.
Ah oui! Avant d'aller plus loin, du haut de cette
tribune que j'ose me donner, il y a sûrement certains d'entre vous qui pensent
que je suis anti-américain, suite à la lecture des premiers paragraphes. Vous savez, je parle de ce genre de personne
qui ne sait pas voir les nuances de gris et qui ne voient que le noir et
blanc...
Pour eux, je rappellerai que Guy Turcotte est
québécois, tout comme Sonia Blanchette.
Marc Lépine et Richard Baine aussi.
Breivik est norvégien et Beslan
n'est pas le 51e État américain. Dawson n'est pas qu'une émission pour
états-uniens pré-pubères et que Kimveer
Gill est né de parents
indo-québécois. Si ta mémoire te
joue des tours, Google est ton ami.
Non, cette tragédie n'est pas qu'américaine. Elle symbolise le malaise d'une civilisation
qui génère son propre cancer ; vous savez, ce genre de petites cellules qui
agissent en salopes et qui, pour une raison parfois liée à l'hérédité ou à une
de mauvaises habitudes de vie, se mettent à détruire les cellules saines tout
autour.
Malheureusement, beaucoup de cas de cancer demeurent
inexpliqués. Du moins, ma science ne me
permet pas de donner un sens à ceux-ci, que le diagnostic soit biologique ou
sociétal.
Barak Obama a maintes fois démontré qu'il était
capable de discourir comme un as. Il est
maintenant temps qu'il démontre son habileté à agir.
Comment?
Bonne question...
Mais il faut donner un sens à tout ça.
Est-ce par le contrôle des armes à feu?
Sans être la panacée, elle demeure toutefois une piste de solution envisageable,
faute de mieux. La NRA blesse l'Amérique...
Est-ce que le nombre de crimes violents à Chicago,
qui dépasse en une journée celui de la tragédie de Newton, doit aussi être
passé sous silence? Une tragédie spectaculaire nous fait facilement oublier la
multitude de drames tout aussi tragiques...
Certains diront que ça ne règlera rien. Après tout, il y a encore eu des tragédies au
Québec, malgré le contrôle des armes à feu.
J'en conviens.
Mais une demi-mesure vaut mieux que pas de mesure du tout, malgré tout
le défaut que la mesure peut avoir.
Et chose certaine, il est plus difficile de briser
autant de vie avec un couteau à beurre.
À entendre certains observateurs affirmer que si
l'école avait elle-même en sa possession une arme à feu, il y aurait sûrement
eu moins de victimes. Combattre le
cancer par un autre. Misère noire...
300 millions d'armes aux États-Unis. La chasse au chevreuil n'a jamais été aussi
populaire...
Faisons confiance à l'humain pour donner un sens à
tout ça et que tous ces enfants ne soient pas morts en vain. Oui, c'est un cliché. Mais il y a toujours bien des limites à tenter
de réinventer le sens de la formule.