Vous savez, mentir, ce n'est pas joli.
Certains ne peuvent s'empêcher de mentir ; tout le monde connaît, dans son entourage, un menteur illustre. Vous savez? Celui qui, dans un groupe, vous raconte des histoires toujours plus invraisemblables les unes que les autres. Peut-être pensez-vous en ce moment même à cette connaissance qui vous raconte ses plus grands exploits, comme la fois où il a réussi à remettre un tel à sa place. Ou encore, vous remémorez-vous cet oncle revenant de pêche vous jurant sur son honneur avoir pris le plus gros poisson de sa vie. Évidemment, il a remis le poisson à l'eau, pour éviter le gaspillage...
Oui, on en connait tous de ces Pinnochios en herbe qui outrepassent le neuvième commandement : "Tu ne feras pas de faux témoignage". Généralement, ceux-ci sont d'une portée négligeable. Toute vérité est-elle vraiment bonne à dire? Les avis divergent. Certains pensent qu'une petite menterie, après tout, ce n'est pas si grave. Qui n'a jamais menti à une connaissance en répondant "oui, ça va bien", à la classique et banale question "Pis toi, ça va tu bien!?"
Mais en dehors des banalités de la vie quotidienne, il y a de ces mensonges qui ont une portée différente. On sait comment, aux États-Unis, les hommes politiques ont besoin d'être plus blancs que blancs.
John Edwards, un démocrate, l'a appris à ses dépends. D'autres, comme
David Letterman, préfèrent jouer la franchise et avouer leurs torts : oui, il admet avoir couché avec des femmes travaillent pour lui.
Ces individus "honnêtes" font cependant du
damage control, ils préfèrent attendre au dernier moment avant de révéler une vérité embarrassante, lorsqu'ils n'ont plus le choix. Puisqu'ils sont obligés de jouer franc jeu, ils se disent qu'ils sont préfèrent contrôler le message plutôt que de laisser ce soin à d'autres. Tiger Woods doit regretter ne pas avoir le même relationniste que David Letterman....
Mais au-delà de ces histoires de couchette, les personnalités publiques sont-elles tenues de nous dire la vérité sur tout? L'œil du public doit-il tout voir, tout savoir?
André Pratte n'écrit pas que des sottises. En 1997, il s'était intéressé au phénomène du mensonge en politique. Savamment intitulé
le Syndrôme de Pinocchio, il faisait une analyse du mensonge en politique. Après tout, les politiciens ne sont-ils pas toujours classés au sommet dans les palmarès des menteurs? Ils sont souvent dans la même catégorie peu enviable des vendeurs d'auto usagées... Pratte, dans son essai, affirmait :
Pour entreprendre la lutte contre le syndrôme de Pinocchio, il faut être animé par la conviction qu'un régime politique fondé sur le mensonge est destiné au pourrissement. [...] Un système fondé sur la vérité engendrerai t au contraire le respect et la confiance entre gouvernants et gouvernés. Un climat qui nous permettrait d'attquer de front les défis de notre époque.
Jamais n'avait-il si bien dit. La population, à l'heure actuelle, est cynique envers ses politiciens. Ce ressentiment a été confirmé par le faible taux de participation record de la dernière élection.
Or, la population veut-elle l'entendre cette vérité, ou veut-elle plutôt qu'on la rassure, qu'on la réconforte?
En 2008, en période électorale, François Legault, du Parti Québécois, avait clairement fait comprendre à la population qu'il y aurait un
déficit dans le budget de l'État québécois, peu importe le parti qui serait au pouvoir. Malhabile honnêteté du critique en Finances.... De son côté, le Parti libéral, au pouvoir depuis 2003, avait accusé le Parti Québécois d'être un mauvais gestionnaire. Jean Charest a plutôt promis de ne pas faire de
déficit malgré la crise économique qui était imminente. Pourtant, c'était une évidence que tous les pays dans le monde seraient en déficit, pourquoi le Québec ferait-il mieux? C'était une évidence que cette promesse libérale n'était que poudre aux yeux : un mensonge éhonté.
Étant moi même candidat péquiste dans la circonscription de Lévis, de tels propos ont rapidement fait écho sur le terrain. La population trouvait étrange que le François Legault affirme sans ambages que le Québec retournerait inévitablement en déficit, compte-tenu de la situation économique à venir. Pire que ça, les électeurs me disaient que les libéraux, au moins, avaient promis qu'ils ne gèreraient mieux, en ne faisant pas de déficit.
On connaît la suite...
Durant la même campagne, Jean Charest a eu le culot d'accuser le PQ, en plein débat des chefs, d'avoir l'intention de procéder à des hausses de la TVQ. C'est un Jean Charest outré qui a accusé Pauline Marois de vouloir profiter de la baisse de 1% de la TPS pour augmenter la TVQ de 1%.
C'est assez choquant, en effet, sachant que dès 2011, celle-ci sera portée de 7.5 à 8.5%. Et d'autant plus choquant quand on sait qu'il a jonglé avec l'idée de la faire passer à 9,5%... À suivre, dans les prochains budgets du mandat libéral.
La population voulait-elle connaître la vérité?
Non, la population voulait se faire dire que ça irait bien. Dans le fond, c'est normal. Personne n'aime les prophètes de malheur. On préfère les bonnes nouvelles! Ça vous dit quelque chose si je dis : "Salut, c'est moi.... J'ai deux nouvelles à t'annoncer. On commence par la bonne ou la mauvaise?".
En 2008, Jean Charest a imploré la population de non seulement voter pour lui, mais de lui donner un mandat majoritaire. Il avait compris des erreurs du passé et il avait appris sa leçon. Il voulait avoir "les deux mains sur le volant", pour l'expression déjà usée utilisée par le Premier ministre.
Mais parfois, il y a l'insulte et l'injure. Quand ce mensonge, on a l'impression qu'il nous touche personnellement.
C'est arrivé dans ma propre campagne électorale. Durant la même campagne électorale, mais au niveau local.
Les projecteurs, souvent braqués sur les chefs, oublient souvent les enjeux locaux. À Lévis, le problème du financement du transport en commun est chronique. La ville fusionnée est en plein essor. L'agglomération fusionnée, couvrant pratiquement toute la Rive-Sud de Québec, est dorénavant une des villes les plus importantes du Québec, tant au niveau de sa population, son économique que de son étendue.
De bonne guerre, la mairesse Roy-Marinelli interpelle tôt dans la campagne provinciale les candidats à propos du problème du financement du transport en commun. Les promesses du PQ étaient claires à ce sujet : le financement du transport en commun serait une priorité. J'ai même accusé, devant la Chambre de commerce de Lévis, les libéraux
de ne pas voir plus loin que le bout du capot de leur voiture, alors qu'ils voulaient construire une troisième voix sur l'autoroute 20 et n'accordaient pas assez d'importance, selon moi, au transport en commun. Ayant moi même été utilisateur du transport en commun, je comprenais bien les difficultés que pouvaient avoir les usagers à se déplacer dans la ville.
Quant à lui, Gilles Lehouillier, candidat libéral, a laissé entendre que le problème du sous-financement du transport en commun serait réglé s'il était élu. Ainsi, il affirmait en débat sur les ondes de Radio-Canada qu'il "créerait un groupe de travail avec obligation de résultats immédiatement après l'élection". Au delà de cette affirmation vague et creuse, rien de concret. On réfléchirait après l'élection sur les moyens.
M. Lehouillier a affirmé main sur le coeur, tout le long de sa campagne électorale, avoir l'appui personnel de Jean Charest pour chacune des promesses qu'il faisait. Gilles Lehouillier a plutôt berné la population puisque non seulement le problème du transport en commun n'est pas encore réglé, mais il est plus problématique que jamais.
Pour saisir l'ampleur de l'enjeu, il faut rappeler que chaque citoyen paie, sur sa facture d'immatriculation automobile, une somme de 30$ qui est consacrée exclusivement au transport en commun. Lévis ne reçoit pas la totalité de cette somme, qui est envoyée plutôt au RTC de Québec. Une perte nette qui se chiffre en millions sur plusieurs années pour la Société de Transport de Lévis. Pourtant, les Lévisiens ont-ils à subventionner à cette échelle le transport en commun de Québec?
Une des façons d'assurer la pérennité du service, c'est d'accroître le nombre d'usagers, direz-vous, avec des incitatifs. Dans ce cas, il faut préciser que les usagers de la Rive-Sud paient plus cher pour monter à bord d'un autobus que leurs voisins de la Rive-Nord.
Manque de circuits, coût du billet trop élevé par rapport à Québec... Que d'incitatifs!
Pour avoir un service de transport en commun à Lévis, il faut absolument passer par un financement adéquat. Et ce financement adéquat ne passe pas, une fois de plus, par la poche des usagers qui ont fait leur part.
Plus d'un an après l'élection, le dossier n'est pas réglé. La mairesse de Lévis menace
de couper de 20% le budget du transport en commun, ce qui signifie
moins de trajets disponibles pour les résidants. Ceux-ci sont pris en otage.
Nul n'est mon intention de faire la démonstration du mérite économique et environnemental d'avoir un transport en commun digne de ce nom, ça me semble évident.
Gilles Lehouillier a-t-il menti?
Sous-entendre qu'on va régler un dossier, est-ce mentir?
À vous de juger.
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