Parfois, il vaut mieux se mordre la langue sept fois avant de se la tourner en ridicule. Oui, un c'est un perronisme volontaire.
Permettez moi aujourd'hui d'élargir le registre de votre vocabulaire grâce à ce blogue en vous apprenant un nouveau mot : prostitution.
Selon Larousse, on renvoie la citation suivante lorsqu'on cherche la définition de "prostitution"
- Littéraire. Avilir quelque chose, le déshonorer en l'utilisant à des tâches indignes, en particulier dans un but de rentabilité : Prostituer son talent, son art.
Or, selon toute vraisemblance, on peut dire que Simon Pierre Diamond aurait tout intérêt à sortir le pied qu'il a mis dans sa bouche il y a quelque temps. En 2008, en fait.
"Qualifiant ceux qui faisaient défection de l'ADQ, il avait alors affirmé que des "gens qui se donnent au plus offrant, on en voit souvent au centre-ville, tard le soir, mais au parlement, des gens qui font le trottoir, on en voit très, très, très rarement"
Dans mon coin de pays, on dirait que celui qui crache en l'air voit généralement le
morviat lui retomber dessus. Une occasion ratée de se taire, ou de ne pas s'avilir, se déshonorer! en acceptant une tâche ingrate, dans un but politique... Triste retour du balancier.
Les plus cyniques d'entre vous me rappelleront que Lucien Bouchard, un
péquisse, a jadis quitté les conservateurs. On peut en dire tout autant de Jean Charest. Les encore-plus-cyniques-que-les-cyniques me feront même l'affront de me rappeler que Belinda Stronach été jusqu'à quitter le parti pour lequel elle s'était présenté cheffe, sans succès, en sauvant in-extremis le gouvernement minoritaire de Paul Martin en 2006.
Là n'est pas la question. Dans certains cas, après un long cheminement politique, on peut changer d'idée afin de marquer son désaccord. Ainsi René Lévesque l'a fait dans les années 60, quittant le Parti libéral pour aller fonder quelque temps plus tard le MSA, prélude du Parti Québécois.
Quel âge a-t-il notre petit gars? Un quart de siècle, semble-t-il. Un bien jeune âge pour changer d'idée, de manière aussi radicale. Était-il un opportuniste quand il s'est présenté la première fois pour une l'ADQ en pleine montée de popularité? Parce que changer de parti, c'est un changement radical dans la vie d'un politicien. Il s'agit d'une rupture, d'un deuil à faire. Surtout dans notre régime parlementaire à la britannique où les partis prennent une place démesurée, on peut comparer un changement de parti à un divorce : ça fait mal, ça déchire. Mais on le fait pour son bien, parce qu'on a la
conviction que c'est pour le mieux.
À mon sens, autre chose pourrait expliquer la défection surprise de Diamond de l'ADQ. Peut-être le deuil n'est-il pas si important que ça finalement!? Du moins, c'est que semble penser Simon Pierre Diamond lorsqu'il affirme que "idéologiquement", le PLQ et l'ADQ sont proches.
A-t-il tort? A-t-il raison?
Je n'entamerai pas ce soir un essai comparatif entre les deux partis ; le courage et la volonté font trop d'égard à mon emploi du temps professionnel surchargé par les temps qui courent...
Mais je peux poser la question.
Dans le contexte politico-cynique que vit le Québec, ce n'est pas un épisode comme celui-là qui va ramener la confiance dans le système. Déjà que j'ai honte de ce que je vois, j'ai presque honte d'avoir tenté de me faire élire en 2008 à voir comment les choses tournent en ce moment à l'Assemblée nationale.
Donnons au moins à César ce qui va a césar puisque Jean Charest a bien vendu sa
salade en nous rappelant qu'au moins, Diamond n'a pas fait défection en cours de mandat, mais qu'il en sollicitera un nouveau.
Mince consolation...
Autre mince consolation : je comparais tout à l'heure un changement de parti à un divorce.
Or, un divorce, ça coùte cher. Un changement de parti, ça peut coûter cher politiquement.
Jean Charest n'est pas mort.
L'ADQ? Qu'en sais-je!