Bon, c'est fait.
Nous sommes attendris par la situation en Haïti. Oui, on a pleuré, compatis, trouvé ça donc bien épouvantable. Triste situation.
L'humain ayant une empathie lors de ces catastrophes, il n'ose imaginer ce que serait sa situation si de telles catastrophes lui arrivaient. Il a peur, il a pitié pour ses semblables qui sont dans cette situation. Les collectes de fonds s'organisent, on envoie la DART, et c'est très bien ainsi. Continuez, ces gens en ont bien besoin.
Mais le temps passera. Les gens se lasseront de voir ces images. Mais la vie là bas continuera.
Et comme qui dirait : et ensuite? Parce qu'il y aura un ensuite. Quelle sera la situation de Haïti dans un an, dans cinq ans, dans dix ans?
Ce pays ne doit pas être oublié, pas plus que tous les autres dont la population vit dans la misère, me diront les altermondialistes. En effet.
Mais il faut bien commencer quelque part. Est-ce mal de devoir "choisir" ceux qu'on veut aider? Quand un malheur arrive dans la famille, il est normal de se sentir encore plus interpellé que lorsque ça touche une vague connaissance. Que le Canada "parraine" Haïti, est-ce si mal?
Nous ne devons pas tomber dans le piège d'un néo-colonialisme. Je ne demande pas que Haïti devienne une colonie canadienne. On sait que dans le passé, les grandes métropoles ont souvent utilisé cette excuse pour dominer davantage un pays, profiter de ses ressources, jusqu'à ce que la population en ait assez et déclare son indépendance. Même l'ex-SDN - l'ancêtre de l'ONU - a donné de tels mandats aux grandes puissances.
Malgré le risque , il est grand temps qu'on se penche sur le cas de ce pays et l'occasion sera trop belle pour la rater, dès que la gueule de bois des lendemains de tremblement de terre sera passée, ou du moins atténuée. Une occasion de repartir sur des assises plus solides sera donnée à ce peuple qui en a grandement besoin.
Nicolas Sarkozy a invité les grands de ce monde à penser à l'après-catastrophe. Je persiste et signe. Je me contrebalance autant que savoir qui est le gagnant de Star-Épidémie de savoir si Sarkozy l'a dit par opportunisme politique ou pas. Reste qu'il a raison. Et l'ONU, cette giga-créature en perte d'attention et d'influence aura son rôle à jouer. Une belle occasion de faire une pierre deux coups. Après les échecs de la Somalie et du Rwanda, la perte d'influence de l'organisme depuis l'invasion de l'Irak, voilà une occasion en or de refaire une crédibilité à cet organe multilatéral pourtant fondamental.
Le nerf de la guerre, c'est encore une fois l'argent.
Pour le bénéfice de la poignée de personnes qui l'ignorent, le réveil des pays européens au lendemain de la Deuxième guerre mondiale fut brutal. Les États-Unis ont mis, à ce moment là, de colossales sommes d'argent à la disposition des pays intéressés afin de faciliter la reconstruction. On connait la suite.
Je ne veux pas entrer dans le piège du sophisme et de la comparaison boiteuse. La situation d'Haïti n'est absolument pas la même. Le pays n'a pas les mêmes ressources à sa disposition, même si les capitaux pouvaient pleuvoir.
Cependant, sans en prendre les principes, on peut s'inspirer de l'ampleur de ce Plan. La diaspora haïtienne a son rôle à jouer, l'ONU, le Canada, mais surtout Haïti elle-même. Un sommet? Des États-Génraux sur Haïti? Appelez ça comme vous le voulez. Mais il est grand temps de réfléchir sur l'avenir de ce pays.
De toute évidence, tout Plan pour Haïti passe par une présence armée musclée. Une présence qui s'assure qu'on ne travaille pas dans le vide. Je parle parle d'abord d'une force multi-nationale - dont nous ferions partie - qui aurait comme objectif premier la reconstruction du pays. Il n'est pas question d'une force qui se battrait en Afghanistan où on ne veut pas de nous et on se fait sauter à qui-mieux-mieux. Il est question plutôt d'une force qui serait offerte à un pays qui, si le mandat était clairement donné par l'ONU et sans visée autre qu'humanitaire - serait probablement accueillie les bras ouvert là bas.
Il faudra assurer la sécurité, lutter contre la corruption. Pas une mince affaire. Mais il faudra créer, un jour, un environnement où l'investissement sera le bienvenue. Quel homme d'affaires crédible veut investir dans un pays où la corruption ou la faiblesse de l'État sont si grandes?
Du déjà-vu, des forces de l'ONU en Haïti? Oui. Mais peut-on dire que les moyens nécessaires aux ambitions étaient donnés à cette force? Peut-on dire que la communauté internationale était si concertée pour sortir ce pays du marasme? Il faut profiter de ce malheur qui a mis les projecteurs du monde sur ce pays.
Peu importe comment, le Canada devra être un acteur de premier plan dans cet "après". Avec des Casques bleus, ou autrement? J'ose espérer ne pas entendre les autorités canadiennes nous dire qu'on doive limiter notre engagement envers Haïti à cause de nos obligations en Afghanistan...
Un Québec souverain se poserait-il ces questions? Passons à un autre sujet, le corps est encore chaud...
Et vous, comment pensez-vous qu'on devrait aider Haïti à s'en sortir?